Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/45

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Madame Foubry pour lui présenter ses hommages.

Une joie, cependant, envahissait Sylviane. Elle ne douta pas une minute qu’il n’était venu que pour elle. À le voir parmi cette foule, elle appréciait davantage son aisance. Son visage trahissait son intelligence et exerçait une inconsciente attraction. Bien des beautés féminines se tournaient vers lui en se demandant son nom.

Quand on l’aperçut, causant avec Madame Foubry, chacun trouva que Sylviane et ce nouvel arrivant étaient merveilleusement appariés. La jeune fille eut l’intuition de ce qui se pensait tout bas et sa grâce en fut doublée.

Un rayonnement émanait d’elle, et Louis Dormont, ainsi que Francis Balor, sentirent confusément que cette joie ne provenait pas du boston et du fox-trot qu’elle venait de danser avec eux. Malgré son désir de rester sur son siège, il avait bien fallu que Sylviane acceptât l’offre d’esquisser quelques pas.

Luc l’avait contemplée durant ce temps. Son visage ne trahit aucun sentiment. Quelqu’un qui l’aurait bien connu cependant, eût jugé que ses lèvres se serraient fortement, et que ses bras, qu’il tenait croisés, s’appuyaient de plus en plus fort contre sa poitrine.

Il sortit de la salle et marcha durant un kilomètre sans savoir ce qu’il faisait. Puis, vers onze heures du soir, sachant que sa tante se couchait tard, il alla frapper à sa porte :

— Quoi… quel vent te pousse chez moi, à cette heure ?

— Votre Sylviane est une affreuse coquette !

— Allons, ne tourne pas ainsi devant mes yeux, tu m’étourdis.

— Pardon, ma tante. Il faut vraiment que je vous aime et que je n’aie plus de mère, pour venir vous importuner ainsi !

— Bon, je vois qu’aimer sa mère est synonyme de l’importuner. Voyons, soulage ton âme, et raconte-moi tes tourments. Je ne savais pas Sylviane coquette. On n’a jamais dit cela d’elle.