Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/49

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que ses parents seraient fiers d’avoir une telle bru.

Il évoquait l’appartement qu’ils auraient, rempli de meubles luxueux, parmi lesquels l’élue évoluerait habillée avec richesse.

Il voulait pour elle, la meilleure marque d’automobile, les meilleurs faiseurs, le plus parfait cuisinier. Il n’arrêtait plus ses rêves et regrettait d’avoir dépensé tant d’argent au lieu d’avoir réalisé des économies, qui lui permettraient aujourd’hui, de combler sa reine de cadeaux somptueux.

Louis Dormont laissait aller aussi son imagination. Il songeait que par amour pour lui, qui l’aimait avec désintéressement, Sylviane serait enchantée d’habiter la grande ferme qu’il menait.

Il n’hésiterait pas d’ailleurs, à lui faire bâtir un château et à dénicher les vieux meubles massifs qui constitueraient un cadre digne d’elle.

Il la voyait, glissant de salle en salle, vêtue de robes claires et riches, comme une princesse de contes surannés. Il la suivait dans les méandres du parc, au milieu de ses invités, ou seule avec son lévrier, comme un être de légende.

Une telle femme valait bien que l’on dédaignât Ninette Balor, petite fille insignifiante qui courait les bois, en robe écourtée, chassant les champignons ou les muguets.

Drôle d’idée qu’avaient eue là ses parents de l’entretenir de ce projet ! Il se souciait vraiment de cette petite provinciale qui ne savait sans doute, ni s’habiller, ni saluer.

Francis dirait ce qu’il voudrait, il épouserait Sylviane lui, et saurait la rendre heureuse. Une femme intelligente d’ailleurs, est heureuse partout, et quand cette femme n’a pas de fortune, elle sait comprendre les sacrifices que consent un brave garçon, en passant de fermier à homme du monde, rien que pour lui complaire, car il deviendrait réellement homme du monde. Plus de maintien négligé, plus de souliers boueux, plus de vareuse commode. Le smoking tous les soirs, la table fleurie, le valet de pied dressé, le bon chien