Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/53

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— Vous !… s’exclama Annette, presque scandalisée par un tel aveu.

Il lui semblait que Sylviane commettait un sacrilège en avançant ces paroles.

— Dites plutôt… mademoiselle, que l’on n’ose pas vous demander en mariage… parce que vous êtes trop belle…

Elle avait deviné que le cœur de sa compagne était meurtri.

Sylviane inclina la tête avec une pâleur au front, et elle articula faiblement :

— Vous voyez que vous-même… avez trouvé mon grand tort…

— Un tort !… interrompit l’impulsive enfant… une si belle qualité !… un don si rare et si magnifique !

— Qui me nuit beaucoup plus qu’une laideur sympathique…

Des larmes perlaient aux yeux de Sylviane et Annette fut décontenancée par le mystère qu’elle découvrait. Cette belle jeune fille qui suscitait l’admiration et l’envie partout où elle passait, avait un cœur chaud et sensible alors qu’on la figurait dédaigneuse et hautaine.

Annette n’écouta que son élan… Elle se jeta au coup de Sylviane en murmurant :

— Je comprends votre peine…

Dans son petit enthousiaste, elle eut un projet soudain et pensa : Le seul homme qui convienne ici… à Sylviane Foubry est Luc Saint-Wiff… Il faut absolument que je me rapproche de ce monsieur pour connaître son opinion sur ma nouvelle amie… Pourquoi cette idée n’est-elle donc pas venue à Madame Bullot ?… On voit cependant tout de suite, qu’ils sont créés l’un pour l’autre…

Ayant ainsi arrangé ce roman, Annette reprit sa physionomie habituelle, et la conversation se poursuivit plus confiante, entre les deux promeneuses.

Cependant, Annette tut ses fiançailles. Son secret ne lui appartenait pas tout entier et elle trouva que cela ne paraissait nullement nécessaire qu’on la sût fiancée ou non. Elle obéissait