Sa sensibilité l’empêchait d’avouer nettement sa façon de penser à ses parents. Elle trouvait stupide à son âge, de rester petite fille soumise aux préjugés surannés, et eût aimé l’indépendance d’une carrière. Mais quand elle entendait sa mère lui murmurer avec des sanglots dans la voix : « Je mourrais de chagrin de te voir travailler » tout son courage pour affronter ce désespoir, s’anéantissait.
Elle végétait donc, soucieuse au fond de soi-même de son avenir incertain, se demandant ce qu’elle deviendrait si ses parents disparaissaient. Ils étaient assez âgés. Madame Foubry s’était mariée tard, et cette circonstance la confirmait dans le rêve qu’elle entretenait de voir sa fille plaire à quelque nature d’élite.
Le colonel n’éprouvait pas ces différentes angoisses avec autant de profondeur. Il vivait près de son enfant belle et gaie et se sentait le plus heureux des pères. Son foyer était aimable de par la présence de cette tendresse filiale et dans un égoïste inconscient souhaitait que cette situation se prolongeât.
La famille possédait de nombreuses relations, et l’on appréciait ce trio affable, et particulièrement, cette jeune fille si belle qui se montrait toujours bonne. Ses amies la voyaient avec plaisir et la trouvaient d’autant plus charmante que, si les jeunes gens s’empressaient autour d’elle, aucun ne se posait en prétendant sérieux.
Cette attitude les vengeait de sa beauté.
Sylviane comprenait toutes ces nuances et une mélancolie commençait à envelopper sa pensée. Sa fierté s’étonnait parfois de ne pas valoir autant que ses compagnes aux yeux de ceux qui les choisissaient.
Son caractère se modifiait. Spontanée, enthousiaste, elle finissait par devenir concentrée et retenait tous les élans qui jaillissaient de son cœur. Sa piété augmentait et souvent elle méditait dans quelque église. Elle essayait cependant de paraître enjouée ne voulant pas que l’on devinât sa