Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/81

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raissait soucieuse ce matin… si j’en juge par ce front baissé et cette démarche hâtive…

— Ah ! quelle chance… de vous trouver… monsieur… j’échafaudais justement un plan pour vous rencontrer…

— Mais il me semble que ce n’est pas très difficile… ne nous réunissons-nous pas chaque jour dans le rond-point de Mademoiselle Foubry ?

— C’est qu’aujourd’hui… nous faisons promenade entre dames…

— Quoi… les messieurs sont exclus !… pauvres de nous !… expliquez-moi ce mystère…

— Voici…

Annette raconta. À mesure qu’elle avançait dans son récit, le visage de Luc, comme celui de Sylviane, l’heure précédente, s’illuminait sous une joie intense.

La jeune fille notait avec enchantement ces signes de satisfaction et quand elle eut terminé de semer de l’espoir dans l’âme du jeune homme, il lui dit :

— Alors votre conclusion est que Mademoiselle Foubry regrette sa rigueur ?

— J’en suis persuadée… répondit Annette.

— Comment sortir de ces complications ? murmura pensivement Luc… J’ai tellement peur… en me hâtant de provoquer encore quelque maladresse…

— C’est assez épineux… Il serait difficile que Sylviane revînt ainsi sur sa décision… Elle s’en repent… je le sens… mais ce serait pénible pour sa fierté…

— Oui… je comprends ce sentiment… elle aurait l’air de m’accepter maintenant comme un pis-aller…

— C’est bien cela… il vaut mieux je crois attendre l’heure propice plutôt que de la forcer… Les choses se dénouent si simplement parfois…

Les deux interlocuteurs brisèrent là leur entretien et se séparèrent.

Luc se trouvait heureux.

Il savait qu’Annette voyait juste et il croyait aveuglément ce qu’elle lui disait.