— Savez-vous qu’il se passe un événement sensationnel ?
— Ah ! mon Dieu !… et lequel ?
— Oreste et Pylade ont été invisibles…
— Est-ce vrai ?
— Absolument…
— Comment ! s’écria apeurée Madame Foubry… nos jeunes amis si charmants sont repartis ?
Elle se désolait en pensant que la solution si désirée allait radicalement être empêchée.
Luc répondit :
— Je ne sais rien à leur égard… Madame… je constate simplement qu’ils se sont évaporés aujourd’hui… mais deux jeunes gens se retrouvent.
Sylviane restait indifférente. Peu lui importait ce qu’elle entendait. L’amabilité affectueuse de Luc l’isolait de tout autre sentiment.
Madame Bullot l’observait et quand elle fut rentrée dans sa chambre, elle murmura :
— Allons… il me semble que tous ces malentendus se débrouillent… Sylviane paraît moins concentrée et Luc me semble plus expansif…
Peu après, elle reçut son neveu :
— Ma tante… avez-vous passé un bon après-midi ?
— Excellent… on n’a pas beaucoup parlé… on a rêvassé… dans le break… Les jeunes filles de l’impériale où elles s’étaient juchées, admiraient le paysage… J’avais la sensation que tout allait bien… Et toi ?
— Moi ! les heures m’ont parues interminables.
— C’est un excellent signe pour Sylviane.
— Je l’aime davantage… ma tante… à mesure que je la connais…
— Elle le mérite… mon neveu…
À ce moment, la femme apporta le courrier du soir.
— Je vais vous laisser dépouiller vos lettres… ma tante…
— Tu ne me gênes pas…
Malgré ces paroles, Luc s’en alla et Madame Bullot décacheta ses enveloppes.