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Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/9

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trop belle

— Je t’assure… ma chérie… que tu manques d’entrain…

Sylviane, de nouveau, se laissait aller à ses pensées et ne surveillaitt plus son visage.

Elle tenait un ouvrage de broderie, pendant que sa mère tricotait pour les pauvres.

On était au mois de mai et Paris rayonnait sous le printemps. Dans le salon des Foubry, les vieilles dorures des cadres présentaient un éclat nouveau, et les beaux meubles anciens, avec leurs soies fanées, semblaient plus intimes.

Sylviane répondit :

— Tu as peut-être raison… maman… Je suis mélancolique sans cause… C’est peut-être ce premier soleil qui me pèse… il est lourd quand on n’y est plus habitué… Je vais sortir un peu…

— C’est cela… Va chez madame Bullot… tu lui rapporteras ses livres.

— Tu me donnes une excellente idée… j’aurai là une diversion.

La jeune fille abandonna son travail et se rendit dans sa chambre pour s’apprêter.

Si sa tristesse perçait plus que d’habitude en cet après-midi printanier, c’est qu’elle songeait que cette situation ne pouvait s’éterniser et qu’il lui faudrait préparer un avenir. Ce souci la préoccupait. Elle dédaignait l’optimisme de sa mère et se disait, qu’actuellement, chacun composait sa vie.

Elle se vêtit pour sortir. Tout ce qu’elle endossait paraissait tout de suite élégant. Son tailleur simple, bleu marine, eut un cachet de distinction, et son chapeau clair fut embelli aussitôt par le visage pur.

Madame Bullot était une vieille amie originale et bonne, mais avec quelques piquants.

Veuve, elle habitait avenue du Bois, à deux pas des Foubry.

Sylviane l’affectionnait. Elle lui trouvait l’esprit toujours alerte et ses boutades toujours amusantes. Cela brisait le cercle un peu restreint où elle évoluait et dont les sujets variaient peu. Or, l’intelligence de Sylviane demandait des aliments.