dans le choix de ceux qu’on oblige : et je ne doute pas que cette considération n’ait fort contribué à restreindre la libéralité de plus d’un homme recommandable par sa vertu et par sa piété. »
M. Allworthy répondit au capitaine que, ne sachant pas le grec, il ne pouvoit apprécier la véritable signification du mot traduit par celui de charité ; mais qu’il avoit toujours pensé que la charité consistoit en action, et que l’aumône en faisoit une partie essentielle.
« À l’égard du mérite, dit-il, je suis tout-à-fait de votre avis. Il y en a fort peu à s’acquitter d’une obligation qui, de quelque façon qu’on interprète le mot charité, paroît évidemment imposée par mille passages du Nouveau-Testament. Cette obligation sacrée que prescrit la loi naturelle, aussi bien que la loi divine, est si douce à remplir, que s’il en existe une dont l’accomplissement porte avec soi sa récompense, c’est bien assurément celle-là.
« Il faut pourtant convenir qu’il y a quelquefois dans la bienfaisance, je devrois dire dans la charité, une sorte de mérite incontestable : par exemple, quand, par un principe de bienveillance et d’affection chrétienne, on donne ce dont on a soi-même besoin, quand on se résout à prendre sur son nécessaire pour adoucir, en la partageant,