Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par les prières d’un accusé, ni par l’intercession de ses parents et de ses amis. En un mot, la foiblesse et la prévention n’avoient aucune influence sur son esprit.

Partridge et sa femme se virent donc obligés de se soumettre à leur destinée, qui étoit véritablement des plus tristes. Le pédagogue l’aggrava encore par sa faute. Au lieu de redoubler d’efforts et d’industrie pour suppléer à la diminution de son revenu, il tomba dans le découragement, et s’abandonna de plus en plus à la paresse. Il perdit ainsi son école, sa seule et dernière ressource ; en sorte que sans les secours d’une personne charitable qui pourvoyoit sous main à ses besoins les plus pressants, il seroit mort de faim, aussi bien que sa femme.

Comme ces secours lui venoient par une voie mystérieuse, il crut, et sûrement le lecteur croira de même, que son bienfaiteur inconnu n’étoit autre que M. Allworthy. Sans vouloir encourager ouvertement le vice, l’écuyer ne se faisoit pas scrupule de soulager en secret la détresse des coupables, lorsqu’il la trouvoit trop cruelle et hors de proportion avec leur faute. C’étoit bien le cas du pédagogue. La fortune elle-même l’envisagea sous ce point de vue ; elle eut à la fin pitié du misérable couple, et adoucit sensiblement le malheur du mari, en mettant un terme à celui de