Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/242

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tern donnoit suite à la plainte qu’il avoit formée contre lui.

Sophie respira : « Eh quoi, monsieur Jones, lui dit-elle avec un sourire plein de charme, est-ce là cette grande faveur que vous me demandiez d’un air si solennel ? je vous l’accorde bien volontiers. Je plains ces pauvres gens de tout mon cœur, je m’intéresse à eux ; pas plus tard qu’hier, j’ai envoyé à la femme de Black Georges une de mes robes, un peu de linge, et dix schellings. » Jones le savoit, et c’étoit ce qui lui avoit donné l’idée de s’adresser à Sophie.

Notre jeune homme, enhardi par ce premier succès, résolut de hasarder une nouvelle tentative. Une place de garde étoit vacante chez M. Western ; il pria Sophie de la demander pour son protégé, l’assurant qu’il le croyoit très-capable de la bien remplir, et qu’il le regardoit comme un des plus honnêtes hommes du canton.

« Eh bien, dit Sophie, j’essaierai ; mais je ne vous promets pas de réussir. Quant à votre première requête, soyez sûr que je ne quitterai point mon père, qu’il n’y ait répondu favorablement. Enfin je ferai tout ce qui dépendra de moi pour le malheureux Black Georges ; car j’ai grand’pitié de lui et de sa famille. Maintenant, monsieur Jones, il faut qu’à mon tour, je vous demande une grace.