Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Mon Dieu, monsieur Jones, lui dis-je, à quoi pensez-vous ? je donnerois quelque chose pour le savoir. — Eh ! folle que vous êtes, me répondit-il comme s’il fût sorti d’un songe, à quoi puis-je penser, quand j’entends ces sons divins ? » Puis me serrant la main : « Ô mistress Honora ! s’écria-t-il, heureux celui… » et il soupira. Sur ma parole, son haleine a le parfum de la rose… Mais il n’avoit pas de mauvaise intention : ainsi j’espère que mademoiselle ne répétera pas ce que je viens de lui dire ; car il m’a donné une couronne pour m’engager au silence. Il m’a fait de plus jurer le secret sur un livre. À la vérité, je crois que ce n’étoit pas la Bible. »

Jusqu’à ce qu’on ait trouvé un plus beau rouge que le vermillon, nous n’essayerons pas de peindre le teint de Sophie.

« Ho…no…ra, dit-elle, je… Si vous me promettez de ne plus parler de cela, ni à moi, ni à personne, je ne vous trahirai point… Je veux dire que je ne serai pas fâchée contre vous. Mais je crains votre langue. Puis-je compter, mon enfant, que vous serez plus discrète à l’avenir ?

— Ah ! mademoiselle, j’aimerais mieux me couper la langue que de vous offenser. Mademoiselle peut être sûre que je ne dirai jamais rien qui puisse lui déplaire.

— Eh bien ! je vous prie de ne plus parler de