Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/305

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tout ceci : mon père pourroit en être instruit et il seroit furieux contre M. Jones, quoique je pense bien, comme vous, qu’il n’avoit pas de mauvaise intention… Je serois moi-même fort en colère, si je pouvois supposer…

— Sur mon honneur, mademoiselle, je suis persuadée qu’il n’avoit pas de mauvaise intention. Il paroissoit hors de lui ; il me dit même qu’il pensoit être seul, lorsqu’il prononça ces paroles. « Je vous crois, monsieur, lui répondis-je. — Oui, Honora, reprit-il… mais je demande pardon à mademoiselle, je m’arracherois la langue plutôt que de l’offenser.

— Continue, Honora, ne me cache rien.

— Oui, mistress Honora, me dit-il (c’étoit quelques jours après m’avoir donné la couronne), ne croyez pas que je sois assez présomptueux, ou assez insensé pour oser regarder votre maîtresse autrement que comme une divinité. C’est à ce titre que je prétends la servir et l’adorer, jusqu’à mon dernier soupir. — Voilà, je vous jure, mademoiselle, tout ce dont je me souviens. J’étois d’abord fort irritée contre lui, et je ne me suis apaisée, que quand j’ai été convaincue qu’il n’avoit pas de mauvaise intention.

— Honora, je vois que vous m’êtes sincèrement attachée ; j’avois de l’humeur l’autre jour,