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plus sévère que celui de M. Allworthy. « Vous devez, disoit-il à son élève, regarder votre accident comme une juste punition de vos péchés, et remercier tous les jours le ciel à genoux, de ne vous être pas cassé la tête, aussi bien que le bras : ce qui ne tardera pas, je pense, à vous arriver. Pour moi, je me suis souvent étonné que Dieu ne vous ait pas puni plus tôt. On doit en conclure que la justice divine, quoique lente, est toujours infaillible. Comptez que des malheurs plus grands que le premier, et non moins certains, ne manqueront pas de vous surprendre dans votre état de réprobation. Il faudroit, pour les éviter, un sincère et profond repentir, tel qu’on ne peut l’espérer d’un jeune homme aussi abandonné, aussi corrompu que vous l’êtes. Toutefois, malgré le peu de succès que j’ose attendre de mes conseils, mon devoir m’oblige de vous exhorter à changer de vie. Quoi qu’il arrive, liberavi animam meam ; j’aurai sauvé mon ame, ma conscience ne me reprochera rien. Je n’en éprouve pas moins un extrême chagrin de vous voir courir à votre perte dans ce monde, et à une damnation inévitable dans l’autre. »

Square parloit d’un ton bien différent. Un bras cassé étoit, selon lui, un de ces accidents indignes de l’attention du sage. Pour les supporter sans murmure, il suffisoit de considérer qu’ils