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illégitime, envers qui les lois interdisent la charité, comme une injure à la religion, il est bon d’observer qu’elle termina ses instructions en disant : Que puisqu’il plaisoit à son frère d’adopter ce petit bambin, elle pensoit qu’on ne pouvoit se dispenser de le traiter avec beaucoup d’égards. Elle ajouta qu’elle ne se dissimuloit pas combien une pareille conduite étoit propre à encourager le libertinage, mais qu’elle connoissoit trop l’obstination des hommes, pour tenter de s’opposer à leurs ridicules fantaisies.

Elle avoit coutume d’accompagner de semblables réflexions toutes les preuves de complaisance que sa position l’obligeoit de donner à son frère, et rien, il faut l’avouer, n’étoit plus capable d’en relever le mérite. L’obéissance tacite ne suppose aucun sacrifice de la volonté, et peut en conséquence paroître facile ; mais quand une femme, un enfant, un parent, ou un ami, ne cèdent à nos désirs qu’en murmurant, et avec une expression de déplaisir et de mécontentement, la violence manifeste qu’ils se font, rehausse infiniment le prix de leur soumission.

Ceci étant une de ces observations profondes qui excèdent la portée du commun des lecteurs, nous avons bien voulu venir cette fois au secours de leur intelligence ; mais qu’ils ne s’accoutument point à une pareille faveur. Nous la leur accor-