son père et sa tante plus tôt que de coutume. M. Western ne s’aperçut pas du changement qui s’étoit opéré dans l’humeur de sa fille. Quoiqu’il se crût un fin politique, et que deux fois il eût été sur le point d’être nommé par son canton membre du parlement, ce n’étoit rien moins qu’un habile observateur. Sa sœur le surpassoit de beaucoup en sagacité. Elle avoit vécu à la cour et dans le monde, et possédoit l’espèce de connoissances qu’on y acquiert ordinairement. Personne n’étoit mieux instruit qu’elle des usages, des coutumes, du cérémonial, des modes. Son mérite ne se bornoit pas là. L’étude avoit étendu et perfectionné son esprit. Comédies, opéras, poëmes, romans, rien en littérature ne lui étoit étranger. Elle avoit lu tout Rapin Thoiras, Laurent Échard, une foule de mémoires françois pour servir à l’Histoire. Ajoutez à cela les journaux, les pamphlets publiés depuis vingt ans : aussi étoit-elle très-versée dans la politique, et en état de discourir pertinemment des affaires de l’Europe. Elle excelloit, en outre, dans la grande science de l’amour. Il n’étoit pas une intrigue galante dont elle ne pénétrât le mystère ; genre de talent qu’il lui avoit été d’autant plus facile d’acquérir, qu’aucun intérêt particulier ne la détournoit de ses observations : soit que son cœur fût incapable de tendresse, soit que personne
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