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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/21

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TOM JONES.

chez moi, toute nue, sans un sou. Ce seroit là le prix de mes bontés, de ma tendresse pour elle ! amoureuse, sans ma permission !

— Mais, avant de mettre à la porte de chez vous une fille que vous prétendez aimer plus que votre vie, vous vous informerez, je pense, si son choix mérite ou non d’être blâmé. Supposez un moment qu’il soit tel que vous l’eussiez fait vous-même, seriez-vous en colère contre elle ?

— Oh ! cela est fort différent. Qu’elle épouse d’abord un homme qui me convienne, et qu’elle aime après qui bon lui semblera, je ne m’en mettrai point en peine.

— Voilà ce qui s’appelle parler en homme sensé. Eh bien, je crois que le choix de votre fille est précisément celui que vous auriez fait pour elle. Qu’on dise de moi, si je me trompe, que je ne connois pas le monde, et vous m’accorderez, mon frère, que je le connois un peu.

— Oui, oui ma sœur, vous le connoissez aussi bien qu’une femme peut le connoître. C’est le partage des femmes. Il n’en est pas de même de la politique, elle appartient de droit aux hommes, les têtes à cornette n’ont rien à y voir… mais, allons, quel est celui…

— Ma foi, devinez-le vous-même, si vous en avez envie ; cela ne vous sera pas difficile. Un homme capable de pénétrer dans les cabinets des