d’yeux, des mouvements de tête, et quelques mots à double entente qui jetoient l’alarme dans le cœur de Sophie, sans éveiller la sollicitude de son père.
Enfin, quand elle fut bien convaincue de la justesse de ses observations, un matin qu’elle se trouvoit seule avec l’écuyer : « Mon frère, lui dit-elle, en interrompant l’air qu’il siffloit, n’avez-vous pas remarqué depuis peu quelque chose de très-extraordinaire dans ma nièce ?
— Moi ? point du tout. Seroit-elle malade ?
— Je le crois, et même d’une manière assez sérieuse.
— Bon ! elle ne se plaint de rien, et elle a eu la petite vérole.
— Mon frère, les jeunes filles sont sujettes à d’autres maladies, souvent plus dangereuses.
— Expliquez-vous ; ma fille est-elle malade ? je l’aime, vous le savez, plus que ma vie. J’enverrai, s’il le faut, au bout du monde chercher le meilleur médecin.
— Calmez-vous, reprit en souriant mistress Western, la maladie n’est pas si terrible que vous le craignez. Vous savez, mon frère, que j’ai quelque connoissance du monde : eh bien ! je me trompe fort, ou ma nièce est amoureuse.
— Amoureuse ! répéta Western en furie, amoureuse, à mon insu ! je la mettrai à la porte de