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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/26

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CHAPITRE II.

matière de gouvernement, la rendoit prompte à s’irriter de la moindre contradiction. Elle entra en fureur, traita son frère de manant, de rustre, d’imbécile, et lui déclara qu’elle ne demeureroit pas plus long-temps dans sa maison.

M. Western, sans avoir jamais lu Machiavel, n’en étoit pas moins, à certains égards, un politique consommé. Il avoit l’esprit imbu des sages maximes si bien enseignées à l’école politico-péripatéticienne de la bourse ; il connoissoit au juste la valeur de l’argent, et le seul usage qu’il convient d’en faire, c’est-à-dire de l’entasser. Exact appréciateur des droits de reversion, de survivance, il calculoit souvent la fortune de sa sœur, et les chances favorables, pour lui et sa postérité, d’en hériter un jour. Sacrifieroit-il de solides espérances à un vain ressentiment ? non, sans doute. À peine s’aperçut-il qu’il avoit poussé les choses trop loin, qu’il s’empressa de réparer son imprudence ; et il y réussit sans peine. Mistress Western avoit beaucoup d’affection pour lui, encore plus pour sa nièce. D’ailleurs, malgré ses hautes prétentions à la science politique, et son extrême susceptibilité sur ce point, c’étoit dans tout le reste une femme d’un caractère bon et facile.

L’écuyer courut d’abord à l’écurie et en ferma la porte à la clef, ne laissant aux chevaux d’autre issue que la fenêtre : puis il revint auprès de sa