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toient rien gagner au change, attendu que le prince Édouard étoit aussi zélé protestant qu’aucun Anglois. Il m’a dit de plus, que le dévouement au souverain légitime l’avoit seul rendu jacobite, ainsi que le reste des papistes.

— Je crois autant au protestantisme du prince Édouard, qu’à la bonté de sa cause. Je ne doute point de la victoire, mais non sans combat. Tu vois que je ne suis pas aussi confiant que ton ami, le prêtre papiste.

— Effectivement, monsieur, toutes les prophéties que j’ai lues annoncent que le combat sera très-meurtrier ; et le meunier aux trois pouces qui vit encore, doit tenir les chevaux de trois rois ayant du sang jusqu’aux genoux. Le ciel ait pitié de nous, et nous envoie de meilleurs temps !

— De quelles ridicules sottises as-tu ta tête remplie ? Tu les tiens sans doute aussi de ton prêtre papiste ? Des monstres, des prodiges, voilà les seuls moyens propres à soutenir une doctrine absurde. La cause du roi Georges est celle de la liberté et de la vraie religion ; en d’autres termes, mon enfant, c’est la cause du bon sens, et je te garantis qu’elle triomphera, quand Briarée devroit ressusciter avec ses cent bras, et se faire meunier. »

Partridge ne répliqua rien. Cette déclaration de Jones le jetoit dans un extrême embarras ; car,