Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

allons ensemble dans un lieu où il me soit possible de me procurer une épée, et vous verrez que je saurai me conduire en homme d’honneur.

— Il sied bien à un scélérat tel que vous, dit Jones, de s’arroger le titre d’homme d’honneur. Je ne perdrai pas le temps en vains discours ; la justice réclame votre châtiment, et elle sera satisfaite. » S’adressant ensuite à la dame, il lui demanda si elle étoit près de sa demeure, ou si elle connoissoit quelqu’un dans le voisinage, qui pût lui prêter des habits décents, pour se présenter devant le juge de paix ?

Elle répondit qu’elle étoit tout-à-fait étrangère dans cette contrée. Jones, après un moment de réflexion, lui dit qu’il avoit à quelques pas de là un ami qui les aideroit de ses conseils ; et déjà il s’étonnoit de ne pas le voir paroître. Mais le bon solitaire, au départ de notre héros, s’étoit assis sur le sommet de la montagne, et, quoiqu’armé d’un fusil, il y attendoit tranquillement l’issue de l’aventure.

Jones, à la sortie du bois, l’aperçut dans l’attitude que nous venons de décrire ; il gravit la montagne avec une vitesse surprenante, et l’eut bientôt rejoint.

Le vieillard lui conseilla de conduire la dame à Upton, qui étoit la ville la plus proche, et où elle trouveroit tout ce dont elle auroit besoin.