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Jones le pria de lui en indiquer le chemin, et de l’enseigner aussi à Partridge ; puis il prit congé du vieillard, et se hâta de retourner auprès de la dame.

Notre héros, avant d’aller consulter l’homme de la montagne, s’étoit assuré que Northerton, de la façon dont il lui avoit lié les mains, étoit incapable de rien entreprendre contre la malheureuse victime de sa cruauté. Il avoit encore calculé, que ne s’éloignant pas hors de la portée de la voix, il pourroit, en cas de besoin, revenir à temps pour prévenir un malheur. Enfin, il avoit menacé l’enseigne de l’étrangler de ses propres mains, s’il osoit se permettre, envers la dame, le moindre outrage. Mais par malheur, il oublia que si Northerton avoit les mains liées, ses jambes étoient libres ; et il ne songea pas à lui défendre d’en faire usage. L’enseigne n’étant retenu, à cet égard, par aucun serment, crut pouvoir s’échapper sans manquer à l’honneur, et sans être obligé d’attendre une permission formelle. Il prit donc ses jambes à son cou et disparut dans l’épaisseur du bois. La dame, qui peut-être avoit alors les yeux tournés vers son libérateur, ne s’aperçut pas de sa fuite, ou ne chercha point à s’y opposer.

Jones, à son retour, la trouva seule. Il vouloit courir après Northerton ; mais elle l’en empê-