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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/50

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CHAPITRE VI.

— En voyant qui ?

M. Jones, mademoiselle.

— Vous l’avez vu, Honora ? quand ? dans quel endroit ?

— Au bord du canal. Il s’y est promené toute la matinée. À la fin, il s’est assis sur le gazon. Je parie qu’il y est encore, à l’heure qu’il est. Sans la modestie qui m’a retenue, étant fille comme je suis, j’aurais été lui parler. Tenez, mademoiselle, permettez que, par curiosité seulement, j’aille voir s’il n’est pas encore à la même place.

— À la même place ? eh non ! qu’y feroit-il ? Il est sûrement parti. D’ailleurs, à quoi bon y aller voir ? restez, Honora ; j’ai besoin de vous… Donnez-moi mon chapeau, mes gants. J’ai promis à ma tante d’aller la prendre, pour faire avec elle un tour de promenade dans le petit bois. »

Honora obéit. En se regardant dans la glace, Sophie trouva que le ruban qui attachoit son chapeau alloit mal ; elle envoya Honora en chercher un autre. Avant de sortir, elle lui défendit de quitter, sous aucun prétexte, l’ouvrage auquel elle travailloit, et qui devoit être achevé le soir même. Elle balbutia encore quelques mots de sa promenade au petit bois, et prenant une direction toute contraire, elle se rendit, aussi vite que ses jambes tremblantes le lui permirent, au bord du canal.