Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/52

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une honte, monsieur, pour un seigneur de votre rang, de voyager à pied comme vous faites. Il y a ici dans l’écurie deux ou trois excellents chevaux. L’hôte n’hésitera sûrement pas à vous les prêter. S’il s’y refuse, je trouverai un moyen facile de les prendre : et en mettant les choses au pis, fussiez-vous ensuite inquiété par la justice, le roi ne manqueroit pas de vous pardonner, puisque vous allez combattre pour sa cause. »

L’honnêteté de Partridge égaloit son intelligence ; et l’une et l’autre ne s’étendoient pas loin. Il n’auroit jamais conçu l’idée de cette friponnerie, s’il y avoit vu le moindre danger, étant de ces gens qui ont plus de respect pour la potence que pour l’équité. La vérité est qu’il croyoit pouvoir commettre ce vol impunément ; car outre que le nom de M. Allworthy lui paroissoit devoir offrir à l’hôte une garantie suffisante, il se persuadoit que son maître et lui, quelque tournure que prît l’affaire, n’avoient rien à craindre, et que le crédit des amis de Jones les tireroit tous deux d’embarras.

Quand notre héros vit que Partridge parloit sérieusement, il lui fit une sévère réprimande. Le pédagogue déconcerté affecta de tourner la chose en plaisanterie. « Il me semble, monsieur, dit-il en changeant de propos, que nous sommes ici dans un mauvais lieu. J’ai eu toutes les peines