Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

du monde à empêcher cette nuit deux filles de mauvaise vie, de venir troubler le repos de votre seigneurie… Que vois-je ?… je crois, Dieu me pardonne ! qu’elles ont pénétré, malgré moi, dans votre chambre. Voici par terre le manchon de l’une d’elles. » En effet, Jones rentré avant le jour, n’avoit point aperçu le manchon qui étoit posé sur sa couverture, et l’avoit fait tomber en montant dans son lit. Partridge le ramassa ; il alloit le mettre dans sa poche, lorsque Jones demanda à le voir. Ce manchon étoit si remarquable, qu’il l’auroit probablement reconnu, sans le papier qui y étoit attaché. Mais sa mémoire n’eut aucun effort à faire, puisqu’au même instant, il vit et lut les mots Sophie Western tracés au crayon sur le papier. « Ô ciel ! s’écria-t-il, hors de lui, par quel prodige ce manchon se trouve-t-il ici ?

— Je l’ignore comme vous, monsieur, répondit Partridge. Tout ce que je sais, c’est que je l’ai vu au bras d’une de ces femmes qui vous auroient réveillé, si je les avois laissées faire.

— Où sont-elles, dit Jones en se jetant hors de son lit et s’habillant à la hâte ?

— À plusieurs milles d’ici, je pense, répliqua Partridge. »

Bientôt Jones s’assura par de nouvelles questions, que celle qui avoit à son bras le manchon, étoit l’aimable Sophie. Il est impossible de ren-