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tituent un sage Aristarque, sujet que nous avons touché ailleurs, nous pensons qu’on est bien fondé à protester contre un censeur assez téméraire, pour condamner un livre qu’il n’a pas lu. Soit qu’il parle d’après ses propres conjectures, ou sur la foi d’autrui, c’est un détracteur. On peut en dire autant de celui qui, sans désigner dans un ouvrage aucun défaut particulier, le frappe tout entier d’un brutal anathème. Nous ajouterons que si les imperfections qu’on remarque dans les parties, ne déparent point l’ensemble, ou si elles sont rachetées par de plus grandes beautés, une réprobation générale annonce moins l’équité d’un vrai critique, que la malignité d’un détracteur. Il faut suivre à cet égard le conseil que donne Horace dans les vers suivants :

Lorsque mille beautés brillent dans un poëme,
Je ne m’offense point d’un trait qui, par hasard,
Laisse voir un défaut d’attention et d’art,
Ou de l’esprit humain décèle la foiblesse[1].

Martial dit de même :

Ce n’est pas autrement que l’on compose un livre[2].

Toute beauté, dans l’ordre physique, et dans

  1. Verum ubi plura nitent in carmine, non ego paucis
    Offendar maculis, quas aut incuria fudit,
    Aut humana parum cavit natura.
     Horace.
  2. Aliter non fit, avite, liber.Martial.