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ne laissa échapper aucune occasion de la tourmenter par de fines et piquantes railleries. L’abattement où étoit Sophie l’empêcha d’y rien répondre ; et d’ailleurs, s’il faut l’avouer, ce n’étoit pas par la promptitude des réparties qu’elle brilloit.

Pour surcroît de peine, elle rencontra à l’Opéra lord Fellamar, qui la suivit au rout de lady Hatchet. Quoique la foule en ces deux endroits s’opposât à un entretien particulier, et que la musique dans l’un et le jeu dans l’autre offrissent à Sophie un sujet de distraction, la présence du lord ferma son ame à tout sentiment de plaisir ; car les femmes ont une sorte de délicatesse qui les met à la gêne devant un homme dont elles connoissent et ne veulent point encourager les prétentions.

Voilà deux fois que dans ce chapitre nous parlons d’un rout, terme que la postérité n’entendra peut-être pas dans le sens où nous l’employons ici. Quelque pressé que nous soyons, il est donc nécessaire de nous arrêter un instant pour décrire cette espèce d’amusement, et nous le devons d’autant plus, que nous pouvons en donner l’idée en peu de mots.

Un rout est une nombreuse réunion de personnes des deux sexes, élégamment parées, dont la plupart passent le temps à jouer et le reste à ne rien faire. La dame du logis remplit le rôle d’une