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donne une assez longue notice sur l’Adoration de l’Agneau que Van Vaernewyck cette fois nous fournit ce curieux détail : « Le bras auquel a appartenu cette main si habile a longtemps été pendu dans une gaine de fer (in een ijzer besloten) sur le cimetière où je l’ai vu jadis, car l’église a été renouvelée et son tombeau a été déblayé (opghedolven) avec plusieurs autres ».

La visite des magistrats à l’artiste, l’inscription du polyptyque, les termes de l’épitaphe et le culte voué à la relique du maître, ces faits doivent nous convaincre de la renommée de Hubert et de la grande place qu’il occupa dans l’art. Pourtant, outre que nous ignorons complètement quelle fut sa part dans l’exécution du Retable de Gand, il est impossible de désigner d’une façon formelle aucun tableau de sa main. Un certain nombre de critiques se sont appliqués ces temps derniers à lui dresser un catalogue : MM. Weale, Hulin, Six, Otto Seeck, Durand-Gréville, etc. Ils attribuent à Hubert la plus grande partie du polyptyque de l’Agneau et s’accordent à voir en lui l’auteur de certains tableaux qui passaient jusqu’à présent pour être de son frère Jean ou de l’école « eyckienne ». M. Weale s’appuyant sur des documents parfois contestés, sur des détails d’architecture et de botanique (une certaine palmette méditerranéenne Chamœrops humilis qui ne se trouve qu’au-dessous du 44e degré de latitude est, si je puis dire, la clef de voûte de son argumentation), a dressé une liste des œuvres de Hubert qui compte une dizaine de numéros, l’Adoration non comprise. M. Hulin est plus modeste, il n’en cite que cinq ; M. Otto Seeck dans la Kunstchronik atteint le chiffre respectable de douze. Tout cet édifice est fait d’hypothèses, comme le constate d’ailleurs M. Durrieu.

Avant d’aborder la biographie de Jean et l’étude de l’Adoration de l’Agneau nous passerons en revue les œuvres attribuées aujourd’hui par certains critiques à Hubert, l’aîné des deux frères.[1]

Le Triomphe de l’église sur la Synagogue ou la Fontaine de Vie, au

  1. Cf. pour l’œuvre de Hubert Van Eyck : Kaemmerer, Hubert und Jan Van Eyck, Bielefeld : 1898. J. Weale : Hubert Van Eyck, (Gaz. Beaux-Arts 1901) ; du même : Opinions courantes sur les Van Eyck. Burlington Magazine. 1 Janvier 1904 ; du même : Catalogue des Primitifs flamands 1902. F. Weale : Hubert and Jan Van Eyck, London 1903. P. Durrieu : les Débuts des Van Eyck (art cit.). Six : À propos d’un repentir de H. Van Eyck (Gaz. Beaux-Arts, 1904). Hulin : Cat. critique de l’Exposition de Bruges. Bruges 1902. Otto Seeck : Eine neues Zeugnis über die Brüder Van Eyck. Kunstchronik. Wochenschrift für Kunst und Kunstgewerbe. 1899 1900. nos 5 et 6. Durand-Gréville : Hubert Van Eyck, son œuvre et son influence. Les Arts anciens de Flandre. 1905. T. 1.