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même, pour M. Weale, la seule œuvre que l’on puisse attribuer avec une certitude absolue à maître Hubert.

Il faut retourner ensuite aux Comptes de la Ville (1426-1427) qui nous apprennent qu’après la mort de Hubert Van Eyck, ses héritiers payèrent un droit d’issue de six escalins de gros.[1] Ce droit — établi sur les meubles et immeubles non-féodaux — était dû par les non-bourgeois qui héritaient à Gand ainsi que par des bourgeois qui renonçaient à leur bourgeoisie et allaient s’établir ailleurs. Il résulte de cette mention au compte de l’issue, que Hubert Van Eyck laissait fort peu de chose à ses héritiers et que ceux-ci n’habitaient pas Gand.

À ces quatre notes il faut ajouter une inscription relevée en 1823 sur le cadre de l’Adoration de l’Agneau sous une couche de couleur verte qui l’avait cachée pendant trois siècles. Quelques mots étaient devenus illisibles, mais M. de Bast a retrouvé le texte dans un recueil d’inscriptions de la Flandre copiées vers le milieu du XVIe siècle par Christophe Van Huerne :

[Pictor] Hubertus E Eyck, major quo nemo repertus
Incepit pondus, [quod] Johannes arte, secundus
[Frater, perf] ectus Judoci Vyd prece fretus
Versu seXta Mal. Vos ColloCat aCtat Ueri.
(versu sexta Mai. vos collocat acta tueri)

Voici la traduction, avec le sens le plus favorable à l’aîné des deux frères :

Le peintre Hubert Van Eyck, auquel personne n’a encore été trouvé
supérieur
Commença ce travail que par son art, Jean le second frère
Acheva à la prière de Judocus Vydt
Ce vers vous indique que le 6 mai cette œuvre fut exposée.[2]

Le dernier vers est un chronogramme ; les lettres numérales donnent l’année 1432. Enfin un dernier document important est la pierre tombale du maître placée au musée lapidaire de Gand depuis l’année 1895, ou plutôt l’épitaphe inscrite sur ce monument, lequel consiste en une haute dalle d’ardoise assez triste, assez laide, très effacée et d’une teinte sourde.

  1. Stadsrekening (1426-1427) fol. 319. Outfaen van Yssnwen… « van den hoyre van Lubrecht van Heyke, VI S. gr. »
  2. Cf. Waagen, Notice sur le chef d’œuvre des frères Van Eyck, traduite et annotée par L. de Bast ; Gand 1825, p. 27 ; Crowe et Cavalcaselle, les Anciens peintres flamands. Trad. Delepierre. 1862 p. 62 ; Bode, Kön. Museen zu Berlin. Beschreibendes Verzeichnis. Vierte aufl. 1894 p. 91 et 91.