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peine à voir clair dans le fatras d’hypothèses accumulées autour de son nom. Il nous reste quatre notes authentiques concernant Hubert Van Eyck. M. Van der Haeghen, archiviste de la ville de Gand a bien voulu les contrôler à mon intention. Dans les Comptes de la ville (1424-1425) il est noté que maître Hubert reçut cinq escalins de gros pour deux volets de retable qu’il avait exécutés sur l’ordre des échevins.[1] Dans les mêmes comptes, l’année suivante (1425-1426) est signalé un don de six gros fait en courtoisie aux « enfants » c’est-à-dire aux domestiques ou aux gens de maître Hubert.[2] C’est ensuite le registre aux États de Bien (1425-1426) qui nous fournit une mention intéressante. Il s’agit d’un passage du testament de Robert Poortier et de sa femme Avesoete’s Hoegen.[3] Ces riches personnages avaient choisi pour emplacement de leur sépulture l’église de Saint-Sauveur, — située à cette époque dans la seigneurie de Saint-Bavon et transférée en 1540 à l’emplacement actuel de Gand. Ils ordonnèrent d’exécuter un autel pour la chapelle où se trouvait leur tombe. On y célébrera le service du Seigneur, disent-ils dans leur testament, et l’on y placera une image (beelde) de saint Antoine « laquelle est en ce moment en dépôt chez maître Hubert le peintre avec plusieurs autres ouvrages devant servir au même autel. » M. Waele a tiré de cette note quelques déductions curieuses.[4] Il en conclut tout d’abord que Hubert Van Eyck était enlumineur de statues puisque des images sculptées passaient par son atelier. Il était en effet d’usage, nous l’avons vu, que les plus grands peintres fussent employés à la polychromie sculpturale et Jean Van Eyck, à cet égard, maintiendra la tradition de son frère aîné qui, lui-même, ne faisait que continuer celle des « ouvriers d’art » du XIVe siècle. M. Weale en outre a vu dans un volet de retable conservé au musée de Copenhague — nous décrirons cette œuvre plus loin — une partie conservée du retable que Hubert Van Eyck exécuta pour l’autel de Saint-Antoine dans la chapelle de Robert Poortier. Avec certaines parties de l’Adoration de l’Agneau ce serait

  1. Stadsrekening 1424-1425, fol. 188 et 270 (onverziene costen) « Item ghegheven over sijn moyte Luberecht van II bewerpene ( volets ?) van eenne taeffele die hij maecte ten bevelne van scepenen. V, s. gr. »
  2. Stadsrekening (1425-1426) fol. 288, chap. des prosenten. « Item ghegheven in hoofschede den kinderen te meester Ubrechts VI gr. »
  3. Staten van Goed (1425-1420) fol. 63, « Dat men in de selve capelle doe maken eenen altaer omme up te doene den dienst ons Heeren ende om up den zelven altaer te stelne I belde van Sinte Anthonise welc beelde nu ter tyt rust onder meester Hubrechte den scildere met meer ander weerex dienende ten selven altare. » — Cité pour la première fois par Victor Van der Haeghen. Inventaire des archives de Gand, cat. général, 1896, p. 230.
  4. Cf. W. H. James Weale. Hubert Van Eyck. Gazette des Beaux-Arts. Juin 1901.