Page:Fierens-Gevaert, La renaissance septentrionale - 1905.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cuirasse bombée de l’inoubliable soudard ventru endormi entre les deux autres soldats, reflète le paysage, comme le fait l’armure du chevalier qui tient la bannière dans la miniature des Heures de Turin représentant le retour de Guillaume IV.

La Vierge dite de Rothschild avec l’enfant Jésus, sainte Anne, sainte Barbe et le père Herman Steenken, (vicaire de la Chartreuse de Sainte-Anne ter Woestine-lez-Bruges de 1402 à 1404, puis de 1406 jusqu’à sa mort). Autorisé par le chapitre de l’ordre à se retirer chez les chartreux de Diest en 1404, le père Herman était revenu à ter Woestine sur les instances des religieuses de Sainte-Anne et de quelques autres personnes. Il y mourut en odeur de sainteté le 23 avril 1428. Le tableau, suivant M. Weale aurait été peint vers 1415, à Bruges (?) par Hubert Van Eyck. La galerie de marbre qui abrite la « Sainte Conversation » et par laquelle on aperçoit un merveilleux site urbain, est inspiré des chiostri italiens ; la tour de sainte Barbe, laisse voir à travers ses colonnettes torses une statue de Mars, nouvelle réminiscence italienne. Pour M. Weale d’ailleurs Hubert a visité l’Italie et s’est inspiré de Giotto.

La Vierge avec un chartreux, réplique ou prototype de la Vierge de Rothschild. Cette œuvre parut à la vente de Backer à La Haye en avril 1662, fut importée en Angleterre, acquise par le marquis d’Exeter et à la vente de cette dernière collection achetée par le musée de Berlin où elle est toujours. Dans l’inventaire des tableaux de l’archiduc Ernest d’Autriche, gouverneur du Pays-Bas de 1592 à 1595 se trouve mentionnée une Vierge accompagnée de saint Bernard et d’un ange par Rupert Van Eyck. Weale et Otto Seeck croient qu’il s’agit du tableau de Berlin. M. Hymans avait déjà dit : « Saint Bernard est toujours représenté sous les traits d’un moine vêtu de blanc et la figure de sainte Barbe se confondrait aisément avec celle d’un ange ».[1]

Saint François recevant les stygmates (pinacothèque de Turin). C’est M. Hymans qui attira l’attention sur ce tableau et le restitua non point à l’aîné des frères, mais au cadet. Parmi les œuvres indéterminées de Jean Van Eyck avait longtemps figuré un petit tableau représentant saint François « légué en 1470 par Anselme Adornes à ses filles Marguerite et Louise. Le testateur exigea que des volets fussent ajoutés à ce tableau et qu’on représentât son portrait et celui de sa femme. » Le petit tableau de Turin qui a quelque peu souffert mais qui conserve

  1. Livre des Peintres, p. 46.