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— « Celui-ci est le Dieu tout puissant par sa divine majesté, de tous le meilleur par la douceur de sa bonté, le rémunérateur le plus libéral à cause de son infinie largesse[1]. » D’où est tirée cette inscription ? Vient-elle de quelque ouvrage des Pères ? Le texte n’est point de la Bible et cette question de provenance est bien délicate à résoudre. Sur les franges du manteau, brodées en perles, des lettres forment la phrase suivante :

SABAOT… PEX † PETR † Δ…
ΔNC… M † PED.. NANXIN † D… NC † ΔNANX
…ΔNC.

Il est impossible de trouver un sens à ce texte, seuls les mots Sabaot (en hébreu armées) et Pex, qui est peut-être rex, peuvent signifier quelque chose. Comme l’a déjà remarqué Liévin de Bast, il est probable que le peintre n’a pas eu l’idée de composer une phrase suivie, offrant un sens. Il a placé ces lettres en guise d’ornement pour figurer une sorte d’écriture[2]. On trouve des exemples identiques de lettres ornementales dans bon nombre de miniatures du XVe siècle, sur les plats allemands en cuivre et sur les statuettes polychromes de la même époque. Toutefois, ainsi que nous l’avons fait remarquer, la soi-disant devise de Jean Van Eyck est comme rappelée par les lettres : NANXIN… ΔNANX.[3]

Une marche mène au trône de Dieu le Père ; on lit :

« Vita sine morte in capite, inventus sine senectute in fronte, gaudium sine merore a dextris, securitas sine timore a sinistris. » — « Sur la tête la vie sans mort ; au front la jeunesse sans vieillesse ; à droite, la joie sans tristesse, à gauche la sécurité sans crainte. » Et sur le brocart vert tendu derrière le Très Haut, au dessus du pélican, dans une jolie banderole ornementale, par trois fois est répété le nom du Fils qui bientôt descendra sur la terre :

IHESVS XPS

La Vierge est à la droite du Père, enveloppée d’un manteau bleu que garnit une bande de vermeil semée de cabochons et de perles ; sur ses

  1. Waagen a fait deux erreurs de lecture. Au lieu de dulcedinis, il a lu dulcissimam et pour largitatem il donne tarditatem ( Messager des Sciences et des arts, 1824. p. 1907.) Il a reconnu son erreur en ce qui concerne le mot tarditatem. Cf ibid, p. 443. Liévin de Bast a mieux lu, mais il n’a pas été absolument exact en imprimant MAJESTATE, OPTI et INME, ibid p. 197, note 2.
  2. Messager p. 197, 1.
  3. Nous ne pouvons pas donner une idée exacte de cette ressemblance avec nos caractères d’impression.