Il est très injuste de prétendre, au surplus, que les villes flamandes n’étaient
préoccupées que de marchandises[1]. Communes et marchands donnaient
l’exemple de la prodigalité. Reprenons l’ouvrage de Dehaisnes. Ouvrons-le
Saint Germain
Statue en bois, XIVe
siècle (Église Notre Dame, Huy)
cette fois avec une entière confiance.
Écoutons ce qu’il nous révèle de la
richesse de nos cités, de nos bourgeois au XIVe siècle. Les archives
énumèrent les innombrables vases
d’or, d’argent, les tapisseries, les
trésors de nos marchands. Les seigneurs, stimulés par l’exemple des
rois de France et jaloux de ces bourgeois fastueux, s’entourent d’un
luxe royal, vivent avec une suite de
trouvères, de jongleurs, de nains, de
ménestrels, d’imagiers. Nous avons
conservé des inventaires de leurs
biens. C’est une prodigieuse vision
d’orfèvreries, de pierres rares, de
métaux précieux, où l’or et l’argent
sont transmués en œuvres pieuses
et profanes, où s’accumulent les
épées, les calices, les châsses, les
coupes, les missels, les sceaux. Le
XIVe siècle prélude avec éclat aux
folies bourguignonnes…
Lisons aussi Dehaisnes pour apprécier l’activité artistique de nos communes à cette époque. Tournai, siège de nombreuses abbayes et d’une puissante collégiale, « forteresse avancée » de la France, possède des orfèvres, des batteurs et fondeurs de laiton, des peintres, des verriers, des tapissiers, des ouvriers de soie, de « haute liche », des ouvriers de broderie, des tailleurs de lame
- ↑ Cf. Paul Vitry : Exposition des Primitifs français. Les Arts, p. 14.