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Page:Fierens-Gevaert, La renaissance septentrionale - 1905.djvu/251

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cœur à leur chant, un huitième, plus jeune, montre dans le fond un profil distrait par le souvenir de quelque jeu céleste.


Photo Hanfstaengl
Hubert et Jean Van Eyck
Saint Christophe et les Pélerins
Volet du Retable de l’Agneau
(Musée de Berlin).

La richesse des accessoires tient ici du rêve. Les chapes en velours d’Italie sont historiées de larges orfrois, galonnées de parements où se dessinent des figures de saints, des têtes de Christ, des rinceaux brodés. Deux billes de chape retiennent l’attention, l’une surtout, circulaire, en métal, avec la statuette d’un saint qui ouvre un diptyque sur ses genoux. Des bandeaux de vermeil avec cabochons, perles et croix, ceignent les fronts angéliques et les chevelures qui sont d’un roux d’or. Le lutrin est d’un exceptionnel intérêt dans l’histoire de la hucherie religieuse ; le pupitre pivote sur un coude de cuivre et le bahut inférieur — « où repose un de ces grands livres de musique, dont les bibliothèques de Vienne et de Bruxelles reçurent des cours bourguignonnes-néerlandaises le somptueux héritage[1] » — est lambrequiné d’un saint Michel ravissant qui terrasse le dragon et qui rappelle le saint Georges de l’autel portatif de Dresde. Les petits carreaux « peints et jolis » étalent sur le sol l’image de l’Agneau avec la banderole traditionnelle et sont décorés de belles lettres ornementales « AGLA… ATLA… » L’œil risquait de s’égarer dans ce luxe ; le peintre ne l’a pas voulu. L’ange du premier plan bat la mesure, ou vient

  1. Ambros. op. cit.