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hauts-reliefs, et les figurines en sont stylisées à la manière des grisailles extérieures. C’est, en deux actes brefs, le rappel du drame terrible et glorieux qu’évoque le Retable. L’offrande des deux frères annonce le sacrifice volontaire du Libérateur, et le meurtre d’Abel rappelle que le sang de l’homme versé par le crime ne sera lavé que par le sang de Dieu.

Nous voici devant l’Agneau mystique.

La plénitude des Temps est arrivée ; le Christ est mort et ressuscité ; il a lavé nos péchés dans son sang. La promesse divine, faite au commencement du monde, est accomplie. L’Agneau véritable, l’Agneau de Dieu attendu depuis quatre mille ans est venu ; il a remporté la victoire ; il est digne de recevoir la puissance, la divinité, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction dans les siècles des siècles[1]. Sans lui, l’homme se voyait déshérité du ciel. Par lui, la terre se réveille et resplendit, les créatures retrouvent la blancheur céleste, tous les êtres et toutes les choses clament à l’unisson l’alléluia de la Nouvelle Alliance…

La colombe mystique, lien spirituel entre le Ciel et la Terre paraît au haut de la composition centrale, — l’Agneau mystique, — où monte, en colline douce, une vaste pelouse tout émaillée de fleurs printanières, fleurs de notre sol : campanules, muguets, violettes, plantins, pensées, primevères, lys. Au premier plan, la Fontaine de vie. La vasque est en pierre ; la tige annelée en laiton surmontée d’un ange, dessine un profil que l’on rencontre souvent dans les chandeliers dinandais. L’eau « pure comme du cristal », que l’Apocalypse fait sortir du trône de Dieu et de l’Agneau, s’écoule en jets brillants et forme un petit ruisselet sous le bassin. Au second plan, sur l’autel rouge, l’agneau blanc, et, sur la nappe étincelante, un calice recueillant le sang rédempteur. L’antependium de l’autel est en broderie. Sur le bandeau supérieur, on lit le texte de l’Evangile de saint Jean[2] : « Ecce Agnus Dei qui tollit peccata mundi. » — «  Voici l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde. » Puis plus bas :

IHS                VITA
VIA                VITA

« Jhesus via, veritas, vita ! » — « Jésus est la voie, la vérité et la vie, » paroles tirées du même Evangile[3].

  1. Apocalypse, V. 12.
  2. Chap. I, verset 29.
  3. Chap. XIV, verset 6.