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les énarmes. Il n’est pas aisé non plus de constater si les jambes sont armées de grèves complètes on simplement de jambières, et si l’extrémité des solerets on pédieux dessine l’ogive tiers-point ou l’ogive à lancette — formes en usage de 1420 à 1470 environ. Détails sur lesquels il est inutile d’insister d’ailleurs et dont l’intérêt s’efface devant les particularités techniques des solerets.

La chaussure de fer du premier écuyer est formée de plates se recouvrant dans le sens de la pointe du pied, c’est-à-dire que chaque articulation baille en quelque sorte du côté de l’adversaire. Or les hommes d’armes éprouvèrent bien vite l’inconvénient de cette disposition et, dès la fin du XIVme siècle, on les vit adopter le mode inverse du recouvrement des lames entre-elles. De plus les pédieux ne s’ornent pas encore des poulaines allongées que l’on verra plus tard aux armures des bandes d’ordonnance. On pourrait en conclure que ces écuyers sont conçus et exécutés par Hubert Van Eyck si un autre détail ne venait nous prouver que les Chevaliers du Christ furent terminés par une autre main. L’éperon à longue tige du premier écuyer est d’une date assez avancée dans le XVe siècle siècle. Remarquons aussi que sa dague, dite dague à rognons, est propre à nos contrées ; elle est connue sous le nom de dague flamande ; on en faisait usage en Angleterre et en Italie et elle fut employée au XIVe siècle et pendant la première moitié du XV- siècle.

Les bannières offrent des similitudes frappantes avec celles de nos anciennes confrairies ou serments de l’arbalète (sous le patronage de saint Georges) et de l’arc (saint Sébastien). À Bruxelles le Grand Serment portait d’argent à la croix de gueules ; le Petit Serment de gueules à la croix d’argent absolument comme la seconde bannière du polyptyque. À Gand la confrérie de saint Sébastien portait de gueules à la croix d’or cantonnée de quatre croisettes du même, comme on le voit sur la bannière du fond, sauf une petite différence dans la forme des croisettes. Peut-être en était-il de même à Bruxelles ; mais Wauters, l’archiviste défunt de la ville de Bruxelles, soutenait que le Serment de saint Sébastien de cette ville portait d’argent à la croix potencée d’or, cantonnée de quatre croisettes du même émail, ce qui équivalait à dire qu’il portait les armes pleines de Jérusalem — que rappelaient d’ailleurs aussi les armoiries du serment gantois.

Il est donc permis de reconnaître saint Georges et saint Sébastien dans le deuxième et le troisième écuyers, porteurs de la bannière carrée, ou cornette. Quel est l’émouvant porte-étendard qui chevauche au premier plan avec la longue enseigne triangulaire du chef de lances ? Nous adopterons