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Page:Fierens-Gevaert, La renaissance septentrionale - 1905.djvu/38

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trois compagnons et les quatre statues se dressaient aux angles du palladium gantois. L’artiste avait compris qu’il fallait à cette hauteur non des statues délicatement modelées, mais des blocs à larges pans dont la silhouette



Un Saint
Fragment du Retable de Haekendover, près de Tirlemont
Statuette en bois. Fin du XIVe siècle

s’affinerait en lignes hiératiques sur le fond céleste.

Ni les sculptures funéraires, ni les sculptures décoratives ne laissent soupçonner les caractères futurs de notre art. Le musée archéologique d’Ypres possède quatre têtes décoratives en bois provenant de l’ancienne salle échevinale ; on les considérait comme d’irréfutables témoignages de notre naturalisme. Ces têtes sont d’un modelé savant, puissamment stylisé ; trois d’entre elles s’éclairent d’un sourire fin ; une quatrième contracte son visage en une grimace douloureuse et légèrement comique. Mais le travail du ciseau dans ces quatre masques et dans leurs boucles en spirale est guidé par l’imagination charmante et contenue de l’artiste et non par un violent désir d’interprêter fidèlement la nature. Parmi les sculptures funéraires du XIVe siècle nous citerons : les tombeaux de l’abbaye de Cambron avec leurs trois figures gisantes, calmes et traditionnelles, et la statue en pierre noire de Jean de Walcourt dans l’église d’Anderlecht, œuvre imposante mais sans grande nouveauté. Une sorte de classicisme s’impose à toutes ces productions ; les ateliers belges sont de petites académies où règne la superstition de la beauté française ; les maîtres vivent d’un vieil idéal qu’il respectent jalousement et qui d’ailleurs leur inspire souvent des accents très élevés.