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Page:Fierens-Gevaert - La Peinture en Belgique, volume 1.djvu/127

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VI

Petrus Christus

Pendant quelques années la critique a cru que le chef-d’œuvre de Petrus Christus était en Belgique et avec unanimité elle désignait l’ample et harmonieuse Déposition de croix du Musée de Bruxelles, successivement attribuée à Roger van der Weyden, Memlinc, Thierry Bouts et Albert van Ouwater[1]. Par cette attribution on conférait du génie à un maître qui, dans ses œuvres authentiques, n’a guère fait preuve que de qualités d’assimilation et d’un grand esprit descriptif. Nous reviendrons à cette Déposition. Qu’elle nous soit prétexte en attendant à évoquer la carrière et la production du prétendu auteur.

Petrus Christus est né à Baerle sur la frontière hollandaise ; il obtint le droit de bourgeoisie à Bruges en 1444 et mourut en 1473. On le tient généralement pour un élève de Jean van Eyck bien que ses types s’inspirent plutôt des personnages de van der Weyden et de Thierry Bouts. C’est en vain qu’on lui chercherait une originalité dans la conception physionomique ; il vit des découvertes d’autrui. Ses paysages, toutefois, ont une profondeur nouvelle et, en outre, il peut être tenu sinon pour le créateur de la « peinture de genre », du moins pour le premier peintre qui ait

  1. Cf. Bode, Gazette des Beaux-Arts, 1887, t. I, p. 217 ; Altholland in Wörlitz-Zeitschrift für bildende Kunst, 1899 ; Hulin de Loo, Catalogue des Primitifs, p. 5 ; A.-J. Wauters, Catalogue 2e éd. 1906 ; Friedlander, Repertorium für Kunstwissenchaft, 1903, p. 48 ; James Weales, Pierre et Sébastien Cristus, dans le Beffroi, Bruges, 1863, t. 1er.