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XI

Hugo van der Goes


La grande figure de Hugo van der Goes domine une seconde génération d’artistes flamands. Jean van Eyck, Roger van der Weyden, le Maître de Flémalle, Thierry Bouts ont été les créateurs de notre art ; à travers des conceptions et des visions particulières, leurs œuvres vivent d’une beauté essentielle, en quelque sorte classique. La puissance et la variété du sublime « Jehan de Eyck », le lyrisme et l’émotion de maître Roger, la plasticité et l’esprit observateur du Maître de Flémalle, la tendresse, la piété et la douceur du peintre de Louvain, se pénètrent et s’harmonisent pour caractériser la peinture flamande aux heures miraculeuses de sa jeunesse. Ces vertus dégénèrent chez Petrus Chrislus, chez Albert Bouts, chez d’autres disciples aux noms oubliés, et l’incomparable moralité de l’école, — sensible dans la perfection matérielle des œuvres autant que dans leur expression religieuse, — se fût perdue par la faute des épigones impuissants, si l’énergie et l’exemple de Hugo van der Goes n’avaient restitué à notre art les éléments mêmes de sa grandeur : le sens merveilleux de la réalité, et l’amour profond des belles techniques.

Schilder van Brugghe, disent Van Mander et son copiste Sanderus en parlant de van der Goes. Ugo d’Anversa, répondent Guicciardini et Vasari. Van Vaernewyck