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Page:Fierens-Gevaert - La Peinture en Belgique, volume 1.djvu/192

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LES PRIMITIFS FLAMANDS

le croit natif de Leyde et ajoute qu’il habita longtemps ter Goes, en Zélande, d’où son nom. Enfin Alphonse Wauters l’a fait naître à Gand en s’appuyant sur des comptes de… Louvain. Les renseignements de Vaernewyck ont fourni une piste nouvelle aux érudits et l’on suppose aujourd’hui, — mais toute certitude à cet égard fait défaut, — qu’il pourrrait bien être d’origine zélandaise.

Van Mander dit que son maître fut Jean van Eyck et Sanderus ajoute que le peintre du Chanoine van der Paele lui confia le secret de la peinture à l’huile. Mais Hugo ne commença ses études qu’après la mort de Jean van Eyck et il est tout à fait certain qu’il n’a point fréquenté l’atelier de l’illustre Campinois. On peut le tenir néanmoins pour un disciple des peintres de l’Agneau pascal. Vaernewyck nous apprend la profonde admiration de van der Goes pour le retable de Saint-Bavon, et nous avons rapporté l’histoire de ce peintre, qui, désespérant d’égaler jamais la souveraine maîtrise des auteurs de l’Agneau, devint mélancolique, puis fou[1]. Et ce peintre, très vraisemblablement, fut maître Hugues.

On le trouve inscrit dans la corporation des peintres de Gand à la date du 5 mai 1467[2] et l’année suivante ses confrères le désignent comme juré ou sousdoyen, fonctions qu’il assuma pendant un an. Il est mentionné le dernier sur la liste des jurés, ce qui permet de supposer que sa maîtrise était de fraîche date. L’année même où cette charge, peu absorbante sans doute, lui était confiée, il était appelé à Bruges, ainsi que la plupart des peintres néerlandais, à l’occasion du mariage de Charles le Téméraire avec Marguerite d’York. Nous avons déjà fait allusion aux solennités de cette union en parlant de Jacques Daret[3]. Tapisseries de choix ornant les fenêtres, peintures sur châssis décorant les rues, tréteaux et représentations de mystères, — rien ne manqua et la réception des souverains fut magnifique, on peut en croire Olivier de la Marche[4]. Hughe van der Gous ne fut employé qu’aux décors des " entremets », entendez des représentations ou pantomimes jouées pendant les intervalles des pantagruéliques festins de noces. Il y travailla pendant dix jours et demi, à raison de 14 sols par jour, — alors que Jacques Daret et Franz Stoc de Bruxelles en recevaient 27. Son salaire était néanmoins très honorable ; Daniel de Rycke, qui avait été trois fois doyen des peintres de Gand, touchait 20 sols ; des maîtres de grande réputation tels que Philippe Truffin et Liévin van Laethem recevaient chacun 18 sols ; les décorateurs obs-

  1. Cf. Chapitre IV. Le Retable de l’Agneau, p. 19.
  2. F. Van der Haegen. Mémoire sur les documents faux relatifs aux anciens peintres, sculpteurs et graveurs flamands. Présenté à la classe des Beaux-Arts de l’Académie de Belgique le 6 janvier 1898. p. 56.
  3. Chapitre VIII, p. 63.
  4. Olivier de la Marche. Mémoires. Gand, 1866.