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LES PRIMITIFS FLAMANDS

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vons y voir cette fois un exemple du style plateresque et remarquer, avec M. Bau- tier, que malgré la multiplicité extrême des détails, ce décor garde un caractère nettement constructif. Il n'y a pas à insister beaucoup sur la valeur picturale de l'œu- vre ; celle-ci doit être jugée comme décor. — En 1540, le magistrat de Blankenberghe

commanda à Blondeel un Jugement dernier, achevé en 1647 et perdu (t). De l'année

1545 datent deux œuvres de maître Lancelot encore conservées à Bruges : saint Luc peignant la Vierge (Musée communal) et la Vierge entre saint Luc et saint Eloi (cathédrale de Saint-Sauveur). Le saint Luc du Musée est monogramme et daté. Le* personnages sont disposés dans un encadrement ovale lequel est lui-même inscrit dans une sorte de portique rectangulaire. Ce décor est infiniment gracieux et son importance semble indiquer que nous sommes encore une fois en présence d'une bannière corpo- rative. Le système décoratif s'éloigne du genre « plateresque ». Le style mis à la mode par l'adapteur flamand de Vitruve, Pierre Coecke, se substitue aux motifs de I'J/jj- toire des saints Cosme et Bamien. Les éléments du gothique flamboyant, encore uti- lisés par les architectes, ont disparu de cette jolie composition ornementale. L'art nouveau, à la faveur des fonds de tableaux, fait un pas de plus. La Vierge entre saint Luc et saint Eloi de la cathédrale Saint-Sauveur, est également monogrammée et servit sans doute aussi de bannière (Fig. CLXXXXIII). Les deux grandes figures des saints sont placées à droite et à gauche de la Vierge qui tient l'enfant dans ses bras. Le groupe divin apparaît devant une niche très ornementée qui s'érige sur une sorte d'arc triomphal où pend une guirlande mantegnesque et à travers lequel fuit un paysage de montagnes. Le système décoratif s'apparente à nouveau au style de Coecke, à tel point que M. Weale a relevé une identité complète entre les chapiteaux composites qui surmontent les pilastres du trône de la Vierge et un fragment de la basilique de Nerva " dessiné par Coecke au 4' livre de son traité publié en i53g, à la page 60 " (2). L'art triomphal de la partie inférieure du « tableau '» nous rappelle que, en 1549, à l'occasion de la réception de Philippe, fils de Charles-Quint, * le collège échevinal de Bruges retint Blondeel au salaire de douze livres de gros, afin d'avoir ses con-

(1) Tout fait (tippour que l'oeuvre txtix (orl imponintc. On a longtcmpt atlrlbn* è LaïKcIol Blondcal yn JmftmtuUtrnltr 6m Musée de Berlin aujourd'hui coniîdcré comme une oeuvre de Bcllegambe*

(i) Jnnalts de ta Sociilé d'Émulaticn de Bruges igoS, 4° {aie. — L'inoentalre arcMoIeftfW d» Çaad (faac. LUI, noiiwfcil if ■•) public un ex.'libris manuscrit de Lancelot Blondeel comprenant le monogramme de l'artialc. la Irnclle qui accompagnait son chiffre el la date 1 549. M. Paul Bergmans accompagne cette reproduction de la note suivante ; ■ L'cx«librta rcprodvlt se trouve au bas du dernier feuillet d'un exemplaire de la seconde édition du traité de perspective : De artifuiati Jean Pelegrin. dit Viatok, imprimé à Toul en tSoç (texte latin avec traduction française, en partie en versV II est sise à identifier car il correspond exactement à la signature bien connue du peinlre».architecte brugeois Lancelot Blondeel. né à Popcringlie en 1496 et mort i Bruges en i56i. Conçu spécialement au point de vu* architectural, le traité d* Pclcgrin doit avoir M étudié avec amnmt par Blondeel. Le volume appartint plus tsrd i J.-F. Vandevelde, de Beveren ; il s'y troav* actuellement ajonté ni cakier d'archïMctvre de l'ancienne église des Jésuites de Gsnd, qui s'élevait rue des Foulons. "