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Z66 LES PRIMITIFS FLAMANDS

qu'il rendit aux lisseurs flamands furent considérables ; on suppose que la somme de 12 f. et lo sch. qui lui fut donnée en 1691 par le magistrat d'Anvers, en reconnais- sance de son activité artistique, le récompensa des progrès qu'il fit accomplir à l'art de nos « tapitsiers ». A propos des dessins de VHistoire de "David et de la Bataille de Pavie (collection Crozat), destinés sans doute à être interprétés en tapisserie, le rédacteur du catalogue (Mariette) estime que « ces dessins de Pierre Koch d'Alost sont aussi beaux que ceux de Giorgione et exécutés avec beaucoup plus d'énergie »...

Les talents du grand décorateur s'exercèrent encore à l'occasion de la réception faite en 1549 par la ville d'Anvers à Charles-Quint et à son fils Philippe. Pierre Coecke fut chargé de dessiner les arcs de triomphe et de diriger la décoration de la ville. Deux cent trente-trois artistes l'aidèrent à réaliser ses conceptions. Ce fut un événement dans l'histoire de l'art public et d'une importance telle que pour en voir renaître les fastes, il fallut attendre la décoration conçue par Rubens pour la Joyeuse Entrée à Anvers du Cardinal-Infant Ferdinand. Pierre Coecke, donnant un exemple qui fut suivi par Rubens également, publia en i55o, tous les dessins de ses arcs de triomphe, théâtres, motifs de fêtes, sous le titre : « "De zeer wonderlijke, schoone, triumphelijcke Incomspte van den Hooghmojenden Prince Philips etc. » Son géant Antigonus joua un rôle important dans les fêtes de 1549. On le plaça entre deux colonnes hautes de soixante-sept pieds et il salua les princes au passage.

Voici quelques autres dates et faits de la carrière de Pierre Coecke. En i5z8, peu de temps avant son départ pour la Turquie, il avait chez lui un élève du nom de Willem van Breda. En 1539 on cite comme travaillant chez lui Colyn van Nieucastel appelé Lucidel ou Neuchatel. En 1540 (10 novembre) le maître assiste comme témoin à la lecture du testament du peintre Josse van Clève- Il vécut encore pendant une dizaine d'années. Van Mander dit qu'il mourut à Anvers ; d'après Sweertius le maître décéda à Bruxelles. Mais les deux chroniqueurs sont d'accord sur l'année de la mort : i55o.

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Aucune œuvre de peinture ne peut être attribuée avec certitude à Pierre Coecke et il arrive même une aventure assez singulière à ce maître. Tandis que la critique s'ingénie généralement à identifier avec des personnalités déterminées les auteurs des œuvres cataloguées sous un nom conventionnel, voici que les quelques peintures qui étaient attribuées au peintre alostois lui sont enlevées pour devenir la propriété d'un « maître des Saintes Cènes ». Il existe dans l'œuvre de Goltzius une gravure rcpré-