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3oO LES PRIMITIFS FLAMANDS

chise du métier à Anvers ; mais ce sont là des indications fort contestables et rien n'autorise à croire que l'artiste ait fréquenté un atelier anversois dans sa jeunesse. Lambert Lombard se maria à vingt-huit ans et il est permis de supposer que dès cette époque il entra au service du prince-évêque Erard. En i532 on rencontre dans un livre de dépenses du prieuré de Saint-Séverin en Condroz, la première mention d'un ouvrage de Lambert. Il s'agit d'un travail de polychromie sculpturale. « Maître Lambert, poinctre du palais de Monseigneur le Révérendissime cardinal de Liège » reçoit 20 florins pour enluminer un Christ, accompagné de Notre Dame et de saint Jean ; ces trois figures étaient dues au ciseau de maître Balthazar de Liège.

Un universel besoin de savoir animait alors le monde occidental ; nos artistes se faisaient remarquer par leurs curiosités diverses et étaient tous de grands voyageurs. Lombard partit pour l'Allemagne en i533 et il existe de cette époque un dessin repré- sentant le monument romain d'Igel près de Trêves et qu'on croit pouvoir lui attribuer. Un des plus célèbres disciples de Lambert Lombard, Hubert Goltzius, parle d'ailleurs dans ses Images de presque tous les empereurs, et cela en termes fort savoureux, des études du maître liégeois en Allemagne : « Moy mesme ay veu en la maison de Lam- bertus Lombardus, duquel ay esté le disciple en mon stile et mestier, plusieurs paintures, lesquelles il avait contrefaites en Allemaigne après certaines paintures anciennes des Francons et qui bien pourront estre comparées à plusieurs belles paintures romaines. » Et van Mander dit de son côté : « Lambert visita plusieurs pays ; d'abord dans le voi- sinage des Pays-Bas, l'Allemagne et la France. Il rassembla, de la sorte, des antiquités, œuvres des Francs ou Allemands, produites à une époque où en Italie l'art avait presque cessé d'être, par le fait des révolutions, des guerres civiles et d'autres causes » (i). Comme archéologue, Lambert Lombard manifesta donc de bonne heure de l'énergie et de l'originalité. A défaut d'œuvres antiques, il étudiait les productions gallo-romaines (c'est là je pense ce que veulent dire Goltzius et van Mander) et pouvait tirer quelque orgueil d'une érudition qui n'était point banale. Goltzius ajoute d'ailleurs que Lambert Lombard, homme aussi modeste qu'instruit, « ne se vantait d'autre chose que des pain- tures anciennes des Francons, desquelles il prins son premier fondement, devant que jamais il vint à Rome, pour se rendre plus parfait en son art et stile ».

Après l'Allemagne, le jeune artiste liégeois visita les Pays-Bas et fit d'assez longs séjours, croit-on, à Middelbourg où il aurait travaillé sous la direction de Jean Gossart. Il devait rencontrer aussi dans la capitale zélandaise un archéologue passionné, Michel Zagrius, greffier de la ville avec qui il se lia étroitement, se confirmant ainsi de

(1) Livre des Peintres. Traduction Hymans.