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XLVlll

Antonio Moro.

« Moro s'entendait, dit Justi, à conserver à ses personnages, sous l'abondante richesse et la rigidité des ajustements brodés, des collerettes, des manchettes, des croix de perles et de pierreries, la vie, la souplesse des mouvements et la grâce. Non seulement excellait-il à rendre la dignité assumée par les hommes de cour, mais à traduire le tem- pérament, le caractère, l'individualité de chacun d'eux (i). » La souplesse des mouvements, c'est peut-être beaucoup dire; mais pour ce qui est de l'individualité des personnages, comme Justi a raison! Ce Philippe II, cette Marie Tudor, cette Marguerite de Parme, ce duc d'Albe, ce Granvelle, cet Alexandre Farnèse, ce Thomas Gresham, se racontent tout entiers rien qu'en se montrant, et l'admirable parole qu'écrivait Hegel à propos des portraits de Van Dyck peut se répéter en considérant la plupart des portraits de Moro : « Ils sont si vrais, si naturels que le cadre fait l'effet d'une porte par laquelle les per- sonnages représentés vont faire leur entrée dans le monde ».

Carel van Mander, le biographe principal d'Antonio Moro, fit de vaines démarches auprès de la famille du grand portraitiste pour obtenir des renseignements sur la vie du maître : « Bien que je me sois adressé à eux de la manière la plus courtoise, dit-il, les enfants du peintre n'ont rien voulu me donner. C'est à croire qu'ils n'aient nul souci

(i) Citi et traduit par HrnAMi, H., Ânlonio Moro, ton irui>r< <l ton Itmpt. 1910, Van Ocit, Bruxcllca.