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202 LES PRIMITIFS FLAMANDS

travail, met les choses au point : « Nous n'avions pas besoin d'un autre Van Eyck, ni d'un Roger Van der Weyden, non plus que d'un Memlinc. Ceux-là étaient ; ils suffi- saient... C'est son originalité à lui (Gossart) d'être tellement italien ». Le style nouveau ne rencontrait aucune résistance sérieuse dans nos régions. Successivement princes, gentilshommes, prélats, bourgeois s'en éprenaient. Jérôme Buyslcden revient à Matines en i5o3, rapportant d'Italie des tableaux, sculptures et médailles, et dès l'année iSSç la Cheminée du Franc affirme, dans la plus gothique de nos villes, l'entière et définitive adoption des doctrines nouvelles. En une quarantaine d'années notre art accomplit une évolution qui correspond à un siècle et demi d'art italien. Jean Gossart contribua puis- samment au mouvement rénovateur, et c'est une gloire après tout d'en avoir été désigné comme l'auteur responsable par le jugement de la foule.

  • »

Jean Gossart dit Jean Mabuse et appelé également Malbodius, Mabusius, Mal- bogie et Melbodie, naquit vers 1472 à Maubeuge, petite ville de l'ancien comté de Hainaut. Il y a tout lieu de croire que ce nom de Mabuse, seule preuve qui soit de son origine, lui fut donné en pays flamand (t). On suppose qu'il était fils d'un relieur appelé Simon Gossart, lequel travaillait pour l'abbaye de Sainte-Aldegonde où abon- daient les œuvres d'art. On suppose aussi que les miniatures des manuscrits confiés à Simon Gossart éveillèrent chez son fils Jean les premières émotions artistiques. Mais ce relieur, cité seulement en i5i4, fut-il vraiment le père du grand italianisant? On ne peut l'affirmer. Du moins savons-nous que Mabuse eut un frère, Nicaise, ingénieur- architecte, que la ville de Middelbourg consulta en i53i pour la construction de son nouveau port.

Chez quel maître Jean Gossart fit-il son apprentissage? Les uns ont supposé chez Memlinc, — ce qui est vraisemblable; les autres chez Metsys, ce qui nous paraît diffi- cilement admissible. Les registres de la Gilde de Saint-Luc d'Anvers font mention, en i5o3, d'un Jennyn van Hennegouwen, paintre (Jean de Hainaut peintre), en qui on a voulu voir notre artiste. En supposant que cet hennuyer fiât Mabuse, quelle preuve Y trouvera-t-on de son apprentissage chez Metsys? Les colorations transparentes et claires de ce dernier ne recèlent aucune annonce des modelés fermes et du clair-obscur de Gossart. Les signes précurseurs de celte manière ombrée, proprement lom"

(1) En cffel, la prononciation de Maubeuge devient presque infailliblement Mabcuse à Gand, Bruges ou Anvers C[- Gcssvrt, op. cit., p. i6t note 2<