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LBt PRIMITIFS FLAMANDS 203

barde, txistent plutôt chez Gérard David. Gossart aurait pu très bien être l'élève de « maître Gheeraert ». Certaines œuvres de David ont passé longtemps pour être de la main de Gossart, notamment les deux panneaux du Musée d'Anvers (juges juift et soldats romains, et Sainl Jean el les Saintes Femmes) ainsi que V Adoration des Mages du Musée de Bruxelles (i). La présence dans le bréviaire Grimani, d'une miniature : la Dispute de sainte Catherine, signée Gosart, n'est point pour affaiblir notre hypothèse. Cette "Dispute est représentée tout à la fin du célèbre volume, dans un décor fantaisiste où se combinent des éléments du gothique finissant et de la Renaissance. La compo- sition est assez maladroite, et cette page, — la seule de toute l'œuvre qui soit signée, — n'est nullement la plus attachante de l'illustre Livre d'heures. Le bréviaire Grimani fut enluminé en grande partie dans l'atelier de Gérard David. Qui pouvait songer à confier l'exécution d'une des miniatures à un artiste incomplètement formé, tel que l'était ce Gosart, si ce n'est le maître même du jeune homme ? Les détails « renaissance • de cette Dispute trahissent l'emprunt. Le peintre n'a pas vu l'Italie ; mais déjà il s'est voué à elle et déjà il est allé plus loin dans la voie de l'italianisme que les autres illustra- teurs de la pieuse merveille de Venise.

Il se peut que Gossart, après les années d'apprentissage, se soit installé vers la trentaine à Anvers et qu'il ait connu dans la nouvelle métropole le prince qui allait être son protecteur, Philippe de Bourgogne, bâtard de Philippe le Bon. Dès l'année 1507, semble-t-il, Philippe eut à son service le célèbre et encore mystérieux Jacopo da Bar- bari, ce peintre-graveur vénitien qui sut, comme Antonello de Messine, unir ■ l'indivi- dualisme vénitien à la technique germanique ou néerlandaise » et qui, après avoir séjourné en Allemagne, vint dans nos régions où lui fut réservé grand accueil (2). Philippe de Bourgogne l'employa à décorer son château de Zuyborch el l'historiographe du bâtard princier, Guillaume de Nimègue, cite le Vénitien en même temps que Jean Gossart, pour appeler les deux peintres les Zeuxis et Apelles de leur temps. Les fonds noirs, le clair-obscur obtenus par des ombres prononcées, une tendance à la mono- chromie : tels sont les caractères qui, dans les œuvres de Jacopo, devaient frapper les Flamands. Gossart portraitiste en fut et en resta très impressionné et grâce à cette rencontre, son esthétique était sans doute orientée définitivement vers l'idéal nouveau quand il partit pour l'Italie.

L'œuvre la plus importante du maître, avant son voyage, est l'Adoration des Mages de la collection Carlisle à Castle Howard à laquelle, dit-on, Gossart travailla pendant

(1) Cf. notre Chapitre XVlli p. 143 et ■uivantcs.

(*) Cf. WuHiBACH. En iSio, Jacopo est altachi comme ■ valet de chambre el peintre • i N«rga«rit« 4'AatriclM. OaM ■■

inventaire de iSiS'-iSiâ, il e»t parlé de <^ feu maiatre Jacquea de Barbarie *.