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dirigée vers cet astre[1]. D’après M. Goldschmidt, elle s’étendait, le 30 juin, sur une longueur de 35 degrés et sur une largeur de 34 degrés : elle occupait donc 17 millions de lieues dans l’espace, étendue que la comète de Donati a pu atteindre à peine. Animée d’un mouvement très-rapide, elle se dirigeait de l’ouest au nord.

Aux premiers jours de son apparition, la tête de cette comète présentait un noyau petit, mais très-brillant et dont l’éclat égalait celui de Vénus ; une enveloppe nébuleuse l’environnait. Sa queue, d’une longueur de 304 degrés, était légèrement courbée, et sa convexité était tournée du côté de l’occident. La longueur de cette queue était de 45 degrés ; le 30 juin, elle dépassait l’étoile polaire, tandis que sa tête occupait la constellation du Cocher.

Son noyau, au lieu d’être creux, comme la plupart des noyaux de comète antérieurement observés, présentait l’aspect d’une série de soleils d’artifice, dont les rayons courbes tourneraient dans le même sens. Autre particularité : cette comète ne s’est pas rapprochée du soleil en subissant ses modifications d’aspect, ce qui est contraire à tout ce que l’on a observé jusqu’ici sur les comètes, et ce qui détruit la théorie de l’action répulsive du soleil. En un mot, cet astre, qui s’est montré tout d’un coup, surprenant à la fois le public et les astronomes, paraît aussi appelé à détruire les théories qui ont été présentées jusqu’à ce jour, pour expliquer la nature et l’origine de ces astres ; pour prouver que sur ce sujet, tout est encore aujourd’hui mystère et confusion, et qu’on est forcé d’en revenir, à propos de ces globes errants, à la parole d’un ancien : « Ce que je sais de mieux, c’est que je ne sais rien. » Il est certain que les faits qui résultent de l’observation de la comète de 1861, troublent ou com-

  1. Nous donnons au frontispice de ce volume l’aspect que présentait la comète, vue à l’œil nu, dans les premiers jours du mois de juillet.