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ASTRONOMIE.

Laplace s’exprime en ces termes au sujet de ce fait important, qui surprend au premier aperçu mais qu’un peu de réflexion rend très-acceptable :

« Quoique les dimensions des queues de comètes soient de plusieurs millions de myriamètres, cependant, elles n’affaiblissent pas sensiblement la lumière des étoiles que l’on observe au travers ; elles sont donc d’une rareté extrême, et leurs masses sont probablement inférieures celle des plus petites montagnes de la terre. Elles ne peuvent ainsi, par leur rencontre avec elle, produire aucun effet sensible et il est probable qu’elles l’ont plusieurs fois enveloppée sans avoir été aperçues[1]. »

Aussi plusieurs comètes ont-elles passé dans la proximité de certaines planètes sans y produire la moindre influence physique.

« La comète de 1770, dit Delambre, a passé entre Jupiter et ses satellites, et n’a causé aucune perturbation sensible. Ainsi les comètes, même pour les astronomes, ne sont guère que des objets de curiosité. »

Sir John Herschel est allé beaucoup plus loin il dit en termes exprès :

« La queue d’une grande comète autant que nous pouvons nous en faire une idée, se compose d’un petit nombre de livres de matière, peut-être même seulement de quelques onces. »

Que pourrait-on avoir à redouter du choc d’un corps dont la masse est si insignifiante ?

Nous ajouterons enfin que M. Babinet qui a été conduit à traiter la même question, par suite des préoccupations du public à ce sujet, en 1857, est allé jusqu’à dire en exagérant peut-être, mais en restant au moins très-près de la vérité « La Terre en choquant une comète ne serait pas plus ébranlée dans sa stabilité qu’un convoi im-

  1. Système du Monde, t. VI, p. 44.