Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE PREMIER

vues générales. — nécessité d’un air pur. — causes diverses de la viciation de l’air. — exemples à l’appui.

Lorsqu’un certain nombre de personnes sont réunies dans un espace clos, par exemple dans une salle fermée par nos moyens ordinaires de clôture, elles éprouvent, au bout d’un temps plus ou moins long, un malaise particulier, que l’on ne fait cesser qu’en renouvelant l’air qui les environne. Ce fait, connu de tout le monde, a pour cause la viciation de l’air. Il se produit au bout d’un temps variable, selon la capacité du local que l’on considère, selon sa clôture plus ou moins complète et le nombre des personnes qu’il contient.

Le renouvellement de l’air altéré est le seul moyen à opposer à ce fâcheux effet.

Mais quelles sont les causes de l’altération de l’air dans une salle habitée ? Ces causes sont nombreuses ; quelques-unes peuvent être mesurées exactement.

À cette dernière catégorie appartiennent les modifications de température, le changement de composition de l’air, ainsi que les variations dans les quantités d’humidité qu’il contient. On sait que l’homme, en respirant, prend de l’oxygène à l’air qui l’environne, et le remplace par de l’acide carbonique. La quantité d’acide carbonique produit par la respiration s’élève, en moyenne, à 500 litres par jour, pour un individu adulte. En outre, par sa respiration et sa transpiration cutanée, l’homme adulte émet, chaque jour, 1 300 grammes d’eau à l’état de vapeur, qui emporte en même temps avec elle une partie de la chaleur produite dans l’organisme.

Les autres causes de viciation, qui jusqu’à ce jour ont échappé à nos procédés de mesure, n’en sont pas pour cela moins réelles. Elles proviennent des matières animales qui s’exhalent des êtres vivants, et qui manifestent leur présence dans l’air par une odeur particulière, désagréable, même quand il s’agit d’individus sains. Cette dernière cause de viciation de l’air, augmente d’importance et domine toutes les autres, quand il s’agit d’une réunion de malades.

Le moyen le plus efficace d’éviter ou de diminuer ces inconvénients, c’est l’emploi d’un bon système de ventilation. Le problème à résoudre est celui-ci : Enlever d’une salle l’air, soit vicié par les êtres vivants ou par toute autre cause, soit trop refroidi, soit trop échauffé et chargé de vapeurs et de substances animales ; le remplacer par un air pur, chaud en hiver, frais en été, de manière à assurer dans cette salle les conditions de la plus complète salubrité.

Il faut admettre, d’une manière générale, que l’état de l’air enfermé dans une pièce d’appartement qui doit être le plus favorable à l’entretien régulier de nos fonctions respiratoires, est celui qui se rapproche le plus de l’air ordinaire. Mais cette composition normale étant impossible à réaliser dans une enceinte où il existe une cause permanente d’altération, c’est-à-dire la réunion d’un certain nombre de personnes, les hygiénistes et les chimistes ont cherché à déterminer les limites dans lesquelles il faut entretenir la composition de l’air dans un espace habité pour qu’il ne soit pas nuisible aux personnes qui le respirent.

Des expériences, indépendantes de toute idée théorique préconçue, ont été faites pour déterminer la quantité d’air qu’il importe de fournir à un certain nombre d’individus rassemblés, afin de maintenir leur respiration dans les conditions normales. Les assistants de l’enceinte étaient établis seuls juges du manque ou de l’excès d’air sous l’influence de dosages variables. Un de nos habiles chimistes, M. Félix Leblanc, par des recherches qui remontent à plusieurs années, trouva dans l’air sortant d’une salle de réunion, après quatre heures de séjour des assistants, 2 à 3 mil-