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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/318

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une influence éminemment salutaire sur le développement du commerce intérieur. Ils permettront, de plus, d’expédier dans toute l’Europe, d’immenses quantités de blé, qui, jusqu’à ce jour, sont perdues pour les autres pays, faute de moyens de transport.

Quand les chemins de fer russes et la grande ligne qui doit aboutir au fleuve Amour, dans la Mongolie, seront achevés, on pourra presque aller de Paris à Pékin en chemin de fer !


En Amérique, les voies de communication par terre étaient à peine praticables avant l’établissement des chemins de fer. Aussi, nulle part, l’utilité et les avantages des nouveaux moyens de communication, n’ont-ils été aussi profondément sentis. On avait d’abord préféré construire des canaux ; et l’on exécuta aux États-Unis 8 000 kilomètres de canaux. Ils complétaient la navigation intérieure des rivières et des grands lacs. Cependant les canaux ne tardèrent pas à baisser pavillon devant les chemins de fer.

Le premier railway fut construit en 1825[1] entre Quincy et Boston. Il était destiné au service des carrières de granit. Vers 1828, l’ingénieur Wilson commença le chemin de fer de Philadelphie à Columbia ; et vers la même époque, l’ingénieur Knight entreprit celui de Baltimore à l’Ohio, qui devait avoir une longueur de 96 kilomètres, et qui fut ouvert en 1832.

Après s’être mis à l’œuvre avec la hardiesse et l’âpreté qui sont leurs traits caractéristiques, les Américains poursuivirent leur tâche bien plus rapidement que les Anglais, qu’ils laissèrent bientôt en arrière. Les premiers projets conçus prirent aussitôt des proportions gigantesques. Dès 1828, l’ingénieur Redfield, dans une brochure publiée à New-York[2], développa le plan d’un chemin de fer qui devait réunir la côte de l’Atlantique à la vallée du Mississipi. Ce projet, réalisé depuis, parut à cette époque, aussi audacieux que nous paraît aujourd’hui celui du chemin de fer qui doit traverser les Montagnes Rocheuses, pour joindre les deux Océans, à travers tout le continent d’Amérique. Ce dernier projet deviendra peut-être, à son tour, une réalité dans quelques dizaines d’années ; et ce résultat sera tout aussi important que le percement, toujours projeté et toujours retardé, de l’isthme de Panama.

M. Robinson, un des plus célèbres ingénieurs des États-Unis, a présidé à la construction de la plupart des chemins récemment établis dans l’Amérique du Nord.

Né en 1802, M. Robinson commença un peu tard ses études d’ingénieur. Il vint en France, à l’âge de vingt-trois ans, et fut admis à suivre les cours de l’École des Ponts et chaussées, à Paris. Il voyagea ensuite en Angleterre et en Hollande, pour perfectionner ses connaissances. De retour en Amérique, il ne tarda pas à se placer au premier rang des ingénieurs de son pays, et fut chargé de construire une des principales lignes ferrées de l’Amérique du Nord, celle de Philadelphie à Reading. Ce chemin de fer transporte à Philadelphie tous les charbons de la Pensylvanie.

M. Robinson a encore fait construire le chemin de fer de Acquia-Creek à Richmond, qui relie cette ville à celle de Washington, par les bateaux à vapeur du Potomac. Ce chemin de fer a joué un grand rôle dans la longue guerre qui a ensanglanté les États-Unis.

C’est à lui qu’on doit également la construction du chemin de fer de Pétersburg à Richmond, et celui de Norfolk à Weldon (Caroline du Nord), la ligne principale qui relie aux deux Caroline l’État de Virginie.

M. Robinson occupe aux États-Unis, tout à la fois comme ingénieur et comme savant, une des plus importantes situations.

À la fin de l’année 1852, on exploitait aux États-Unis, 20 000 kilomètres de chemin de

  1. D’après M. Audiganne (Les chemins de fer aujourd’hui et dans cent ans).
  2. Sketch of a great railway between the atlantic states and the valley of Mississipi, by M. Redfield. New-York, 1828.