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fié, a été construit, et mis à l’essai dans plusieurs domaines appartenant à l’Empereur. Il paraît que les résultats de ces expériences, qui ont duré dix ans, se sont montrés avantageux, et que, dans la grande culture, la piocheuse de MM. Barrat frères pourrait rendre des services, pour le défonçage prompt et économique des terres.

Quoi qu’il en soit, nos lecteurs trouveront ici avec intérêt, le dessin de la piocheuse à vapeur de MM. Barrat frères que représente la figure 219, et dont le mécanisme et le fonctionnement se comprennent à la simple inspection. On voit que les pioches sont alternativement soulevées et relevées, par le jeu d’une roue dentée, que met en action le piston de la machine à vapeur de la locomobile.

Nous ajouterons que l’on a essayé de faire marcher par des locomobiles à vapeur, des moissonneuses ou des faneuses. Le succès n’a pas couronné ces tentatives, qui exigent de nouvelles études pratiques.


Nous ne terminerons pas ce qui concerne la locomobile rurale, sans répondre brièvement aux principaux arguments que la résistance de la routine objecte encore à leur emploi.

Contre l’introduction des locomobiles dans nos campagnes, on oppose, en premier lieu, le prix de ces machines. Le prix d’une locomobile est d’environ 1 000 francs par force de cheval, soit 4 000 francs pour une machine de la force de 4 chevaux. Mais l’économie du travail quotidien, doit promptement couvrir cette avance. On est parvenu, en effet, à réduire dans une proportion remarquable, la quantité de combustible brûlé dans le foyer des locomobiles. Dans plusieurs locomobiles de nos constructeurs, on ne brûle que 2 kilogrammes de bonne houille pour produire, pendant une heure, la force d’un cheval-vapeur. On sait que l’unité dynamométrique que l’on désigne sous le nom de cheval-vapeur, équivaut à plus de 2 chevaux. Si l’on part du prix de 3 francs les 100 kilogrammes de houille, ce n’est donc pour l’agriculteur qu’une dépense de moins de 10 centimes par heure de travail, pour produire la force que développeraient, dans le même temps, deux chevaux de son écurie. Mais il ne faut pas perdre de vue que la locomobile ne consomme de combustible et n’occasionne de dépense, que tout autant qu’elle produit un travail mécanique. Au contraire, le cheval de ferme exige toujours sa dépense d’entretien, qu’il soit au travail ou au repos.

L’objection des petits propriétaires, c’est que l’usage des machines à vapeur ne convient qu’aux grandes cultures, tandis que pour l’exploitation d’un champ ou d’une parcelle de terre, le travail manuel d’un petit nombre d’ouvriers est suffisant. On n’a pas besoin, disent-ils, d’une batteuse à vapeur pour quelques centaines de gerbes ; d’une moissonneuse, d’une faneuse, d’une charrue à vapeur, pour quelques hectares de terre.

À cela, on peut répondre qu’il y a plusieurs moyens de faire jouir tout le monde des avantages que comportent les machines à vapeur. D’abord, il serait naturel que chaque commune eût sa locomobile, comme elle a sa pompe à incendie ; on affecterait à ces machines un personnel chargé de les conduire. Ensuite, rien n’empêche qu’un industriel, possesseur d’une locomobile, la transporte de ferme en ferme, et la loue au cultivateur, pour un temps fixé, ou bien la fasse travailler à forfait. Par cette combinaison, la locomobile serait mise à la portée des petits fermiers, absolument comme les ouvriers et les chevaux qu’ils prennent à leur service. Aujourd’hui que la locomobile rurale réunit les conditions indispensables à son emploi général, on devrait la trouver dans toutes les communes, entre les mains d’entrepreneurs, qui en loueraient le travail à l’heure ou à la journée. Ils en feraient pro-